L’école primaire au Japon

Mardi, 4 février 2014

Il y a quelques temps nous avions écrit un article sur l’école maternelle au Japon (article du 27/11/2013). L’école élementaire japonaise (shôgakkô) présente aussi des particularités intéressantes. Commençons par rappeler que l’école maternelle japonaise est réservée aux enfants jusque 6 ans révolus. Il y a donc un petit décalage avec la scolarité française – mais pas de retard dans le cursus, comme nous le verrons. L’école primaire comprend un cursus de 6 ans et concerne donc les enfants d’environ 7 à 12 ans.

 

Des écoles bien équipées

Privées (le plus souvent) ou publiques, les écoles élementaires japonaises se distinguent entre autres par leurs équipements. L’école élémentaire moyenne, au Japon, dispose d’une piscine afin de s’assurer que tous les petits japonais savent nager. Et ce n’est pas tout. Bibliothèque et médiathèque. Salle d’informatique. Cuisine … Pas celle de la cantine (cette dernière n’existe d’ailleurs pas, comme nous allons le voir), mais une cuisine pour apprendre à cuisiner. Laboratoire pour les sciences. Salle de musique. Arène multisports. Les classes disposent également désormais souvent de leur système propre multimédia et parfois d’un piano.

 

Les classes et les professeurs

Les effectifs dépendent aussi des écoles mais en général il y a environ 30 élèves par classe (« kumi »). Originalité : il y a deux tableaux dans les classes (un à l’arrière en plus). Les enfants disposent aussi de « lockers » (casiers). Régulièrement, les enfants changent de place, afin de ne pas rester à côté des mêmes camarades. En général, tous les deux ans, les classes sont reconstituées. Les maitresses enseignent toutes les matières à leur classe. Il arrive toutefois quà partir de la 3ième année, l’enseignement soit spécialisé pour certaines matières, comme au collège. Bien entendu, c’est le ministère de l’éducation qui dicte le cursus. Chaque trimestre, les élèves sont évalués (il est bon de noter ici qu’il n’y a pas de redoublement au Japon). Ils ont des devoirs chaque jour, même au « CP », comme nous allons le voir. Le système éducatif japonais est encore très influencé par le système américain. Ainsi, même à l’école primaire, il y a des cérémonies en début et en fin d’année (« graduation »), soit respectivement en avril et en mars. Le système japonais donne la part belle aux activités extra-scolaires, à partir de la 4ième année : sport, musique, art (musique, dessin, calligraphie), langues étrangères … Les enfants, vers 10 ans, font tous partie de clubs. Mais voyons le rythme scolaire des plus petits.

 

La journée finit en début d’après-midi

L’emploi du temps des élèves japonais est, sinon léger, du moins très « compact » (notons au passage qu’il y a 10 semaines de vacances par an au Japon, comparé à 16 en France). Pas de grande pause déjeuner (les enfants déjeunent tous à l’école) mais on sort à 14h30. Pas de mercredi libre au Japon. On va à l’école du lundi au vendredi, de 8h00 à 14h30. Le plus souvent, les enfants vont à l’école tout seuls, en groupe. La carte scolaire étant en vigueur, on va à l’école à pied avec ses voisins – les plus grands mènent la marche. Les enfants sont tous équipés de leur cartable appelé « Randoseru » (prononcer « landosélou »), tous identiques, à la couleur près. A noter que l’uniforme n’est de mise qu’à partir du collège. Après l’école, les élèves rentrent chez eux (c’est toujours surprenant pour les occidentaux de voir les petits livrés à eux-même dans la rue), à moins que leurs parents ne travaillent tous les deux. Dans ce cas, un système de « garderie » prend le relai de l’école.

À la « kodomo room »

Une « kodomo room » (« kodomo » signifie « enfant ») est un endroit situé au sein de l’école ou en-dehors (parfois les enfants doivent marcher 500 mètres pour la relier). Des maitresses s’occupent des enfants l’après-midi en attendant que les parents viennent les chercher. C’est l’opportunité pour les enfants de faire leurs devoirs dont ils sont ainsi libérés une fois rentrés chez eux – et leurs parents aussi. C’est aussi un endroit où les plus petits apprennent au contact des plus grands puisqu’ils sont mélangés – comme ils l’étaient d’ailleurs à la maternelle. Activités manuelles ou sportives, sorties, c’est une seconde école, avec plus de liberté qu’à la « vraie » école. L’après-midi peut être aussi consacré aux activités artistiques ou sportives; c’est le choix des parents. Mais à quoi ressemble l’emploi du temps des petits de première année ?

 

L’enseignement à l’école primaire japonaise – Une semaine-type au « CP » (« Ichinen »)

Cinq heures de japonais, trois d’arithmétique, deux de sciences naturelles, tout cela entre-coupé de courtes pauses, de petites récréations et d’un peu de lecture, de cours de musique, de gym ou de travaux manuels, et ponctué de cours de « morale » et de … nettoyage. Ainsi se résument les activités des élèves de 7 ans. Ci-contre, vous verrez un exemple d’une semaine type d’un élève de 7 ans.

Une fois arrivés à l’école, peu après 8h, un court temps de lecture est imposé. Après les salutations d’usage – particulièrement importantes et respectées au Japon – le cours de « Kokugo » (japonais) peut commencer. C’est ainsi que débute chaque jour de la semaine. Après une pause de 5 minutes, le deuxième cours démarre : arithmétique le lundi, gym le mardi, sciences naturelles le mercredi, et encore arithmétique le jeudi et le vendredi. À 10h, c’est l’heure de la récréation de 20 minutes. A 10h30, le troisième cours de la journée démarre : gym, japonais, lecture, gym ou travaux manuels. Il est 11h15 lorsque ce troisième cours se termine. Le dernier cours de la matinée se termine à 12h05 : japonais, sciences naturelles, arithmétique, sciences naturelles, travaux manuels. Des matinées bien occupées !

Le déjeuner de 45 minutes se passe dans la classe. Les plateaux sont montés de la cuisine et à tour de rôle par petits groupes, les élèves eux-même les distribuent à leurs camarades. S’ensuit une récréation, de 12h50 à 13h15 (13h40 le mercredi). Après cette « récré », jusque 13h40, les enfants nettoient leur classe (les plus grands sont de corvées de toilettes !). Le dernier cours de la journée se passe donc de 13h45 à 14h30 : cours de musique, expression orale, cours de morale/éthique, ou écriture.

Un enseignement efficace, mais …

À la fin du CP, les élèves japonais savent parfaitement lire les hiragana et katakana (alphabets syllabiques japonais, qu’ils maitrisent souvent depuis la maternelle) et ils connaissent 80 kanjis (caractères chinois). Ils savent écrire. Ils peuvent compter : additionner, soustraire, multiplier et faire des divisions simples. Mais en plus de ces connaissances élémentaires, ils apprennent à l’école des leçons fondamentales : être responsable, être le plus indépendant possible dans la vie de tous les jours, vivre en société. Ce qui est le plus notable dans les écoles primaires japonaises est en effet l’apprentissage de la vie de tous les jours. Les enfants apprennent à cuisiner, laver la vaisselle et le linge, coudre, ranger et nettoyer la maison. Leur sont aussi dispensées à l’école les valeurs essentielles de la vie en société : le respect d’autrui, la politesse, la morale, l’écologie aussi. La discipline japonaise n’est pas un cliché, mais elle a des avantages … L’école primaire japonaise est donc très efficace (le taux d’illettrisme est quasi-nul au Japon). Mais bien entendu, elle comporte ses défauts : les observateurs (le plus souvent étrangers) soulignent qu’elle ne donne pas suffisamment d’importance aux enfants individuellement, qu’elle n’encourage pas l’esprit d’initiative : la valeur est donnée au groupe. Les règles du groupe permettent un certain contrôle des individus, caractéristique qui se retrouve souvent dans la société japonaise et le comportement des japonais.