Oshôgatsu, le nouvel an japonais

Lundi, 30 décembre 2013

Période de congés d’environ une semaine calée autour du jour de l’an, Oshôgatsu correspond à nos fêtes de fin d’année. Depuis l’ère Meiji, les japonais fêtent en effet la nouvelle année selon le calendrier grégorien. Avec la « Golden Week » (succession de jours fériés en mai) et  Obon (célébration des ancêtres, en août), Oshôgatsu sont les vacances principales dont bénéficient les japonais. C’est, comme Obon, un moment privilégié que l’on passe le plus souvent en famille.

De nombreuses coutumes prennent place pendant Oshôgatsu.

Ômisoka

C’est la veille du jour l’an, l’équivalent de notre Saint-Sylvestre. Le programme le plus regardé à la télévision japonaise (sur la chaine nationale NHK) est diffusé. Il s’agit d’une émission où des chanteurs s’affrontent, l’équipe rouge des femmes contre l’équipe blanche des hommes. De 19h30 à 23h45, la soirée des japonais est donc accompagnée de chansons. Vers 23h, on mange un bol de toshikoshi-soba ou toshikoshi-udon. Les longues nouilles permettent selon la tradition de passer de l’ancienne année à la nouvelle (littéralement « raccompagner l’ancienne année et accueillir la nouvelle »), et sont un symbole de longévité.

On prépare aussi les plats des prochains jours (Ôsechi, voir ci-dessous). En effet, selon la tradition, on évite de cuisiner les trois premiers jours de l’année, ce qui porterait malheur. Souvent, on se contente en réalité tout simplement d’acheter les repas.

À minuit, les japonais se rendent au temple (Shinto ou bouddhiste) : c’est Hatsumôde. Sinon, ils iront l’un des jours suivants (nous en reparlerons donc très prochainement !). Au temple Shinto, on prépare le amazake, boisson sucrée faite à partir de riz fermenté (mais sans ou avec très peu d’alcool). Dans les temples bouddhistes, à minuit, on fait sonner 108 fois une grande cloche, soit, selon la tradition bouddhiste, une fois pour chaque pêché et chaque tentation terrestre. C’est « joya no kane ». Une manière de se « purifier » pour la nouvelle année.

Les « décorations »

Pour fêter la nouvelle année, les japonais décorent la maison, à l’extérieur. Shimekazari est fait de paille, de papier et d’une orange que l’on accrochent sur la porte d’entrée de la maison pour demander aux dieu la prospérité.

Shimenawa est une corde de paille tressée. On l’accroche à l’entrée pour porter bonheur et pour éloigner les mauvais esprits. Plus fréquemment, de chaque côté de la porte, ou du portail, on fixe un kadomatsu (voir ci-dessus à gauche), une décoration fabriquée avec du bambou, de la paille et des branches de pin. Ce dernier symbolise aussi la longévité. A défaut d’un vrai kadomatsu, on pose souvent des feuilles de papier avec un dessin de cet objet traditionnel.

La nourriture (Ôsechi)

Il y a de nombreux plats traditionnels du nouvel an japonais. Souvent, ces mets ont une signification basée sur un jeu de mots. Ainsi, « mame » signifie phonétiquement « haricots noirs » mais aussi « la santé ». Outre ces haricots noirs, on mange de la daurade en espérant beaucoup de bonheur, des crevettes pour une longue vie (l’apparence de la crevette suggérant un vieillard barbu au dos recourbé), des omelettes (le jaune symbolise l’or, la blanc l’argent), une algue appelée konbu pour des moments joyeux, des oeufs de harengs  ou des oranges amères pour la fertilité si l’on veut un enfant. Au-delà du double sens que les japonais donnent aux mots, ils privilégient à cette période de l’année des plats qui se conservent facilement, notamment des aliments secs. Le 7 janvier, pour se remettre des festivités, ils mangent la soupe des « 7 épices » (nanakusagayu).

Mais ce qu’on consomme le plus pendant Oshôgatsu est le mochi. Il s’agit de gâteaux de riz. Le riz gluant bouilli est placé dans un mortier de bois et pilé au moyen d’un maillet. La pâte de riz obtenue est ensuite passée au four et mangée avec de la sauce soja (shoyu). Ou alors on la mange dans sa soupe.

Les salutations d’usage et autres coutumes

Avant Oshôgatsu, il est coutume de souhaiter la bonne année, « yoi otoshi wo » : « passe une bonne nouvelle année ». En janvier, on salue les gens en leur souhaitant un bon début d’année : « akemashite omedetô« .

Il est aussi coutume d’offrir aux enfants de l’argent dans de jolies enveloppes décorées (voir photo ci-contre), c’est otoshidama. Aussi, les japonais passent beaucoup de temps à préparer et envoyer leurs voeux par des cartes postales qu’ils fabriquent souvent eux-mêmes (nengajô). C’est l’occasion de rester en contact avec ses amis et connaissances, et de leur donner des nouvelles de sa famille. Sur la carte postale, on imprime en effet le plus souvent une photo familiale, ainsi que la représentation du signe chinois de la nouvelle année (le cheval en 2014). Les « nengajô » vendues par la poste japonaise possèdent un numéro de loterie dont le tirage est effectué à la mi-janvier.

 

Comme souvent au Japon, la vie est rythmée par le poids des traditions, a fortiori pendant une période festive comme Oshôgatsu. Certains disent que c’est la manifestation d’un certain conformisme. Mais c’est avant tout un moyen de maintenir la cohésion de la société, et surtout de renforcer l’importance de la famille.

Comments

Be first to make a comment!

Leave a Comment

Your email address will not be published.