Les boutiques de mode japonaise à la … mode française

La langue japonaise fait usage d’innombrables mots étrangers, principalement anglais. D’ailleurs, un alphabet syllabique (le Katakana) a été supposément créé afin de faciliter la prononciation de ces mots. La fascination des japonais pour les cultures occidentales, notamment américaines et françaises, est illustrée notamment dans beaucoup de noms de marques. Les noms de sociétés sont souvent anglais, tandis que les noms de boutiques de vêtements sont souvent français.

Pour une raison inconnue, les créateurs de ces marques ne prennent apparemment pas le soin de vérifier la signification ou le bon usage de ces termes étrangers. C’est ainsi que le promeneur occidental – francophone en particulier – s’amusera en faisant son shopping à relever des noms parfois cocasses, parfois franchement absurdes. Expressions qui ne veulent rien dire (« Rouge vif la clé »), syntaxe très approximative (« Comme ça du mode », « Bon mercerie de Anateliér »), noms inadéquats (« Tisane » pour un magasin de vêtement), mélange français et anglais (« La Best one ») … On en vient à se demander comment on s’y est pris pour les inventer. De toute évidence, tout ce qui importe est que cela sonne français. :-)

Voici un aperçu de quelques boutiques japonaises aux noms rigolos … « Coucou Trois Cents Idées » (ils devaient hésiter entre « Coucou » et « 300 idées », et hop pourquoi pas tout prendre), « Comme ça du mode » (une des marques japonaises de prêt-à-porter les plus connues), la fameuse marque de lingerie « Ravijour » (pourquoi pas « Ravinuit » tant qu’on y était), « Bises Opaques », « Bleu Bleuet », « S’habillent » (certes), et notre préférée, « Relâcher et Non-sens » (« RN » pour les fans) ne sont que quelques exemples parmi des centaines d’autres

En voici une trentaine (cliquez sur les photos pour les agrandir) :

C’est du chinois (japonais) ? Mais ce n’est pas si compliqué, et surtout, c’est passionnant …

Mardi, 17 décembre 2013

Le japonais s’écrit avec des idéogrammes (caractères chinois) ainsi que deux « alphabets » syllabiques phonétiques (tirés des idéogrammes) : hiragana et katakana, qui comportent chacun 46 caractères. Aujourd’hui nous nous intéresserons aux idéogrammes chinois, appelés Kanjis.

En Chine, il y a près de 50.000 idéogrammes. Au Japon, on en utilise couramment 2.000. On considère qu’on peut lire le journal lorsqu’on en connait 1.000. A l’école maternelle, les enfants apprennent hiragana et katakana, de telle sorte qu’ils savent lire avant l’âge de 6 ans puisqu’un idéogramme peut être transcrit phonétiquement par hiraganas et katakanas. Ils commencent à apprendre les kanjis à l’école primaire. En 6 ans, ils en connaissent 1.000.

Chaque kanji a une ou plusieurs signification(s). Aussi, provenant des idéogrammes chinois, ils sont prononcés d’au moins deux manières : « on » (prononciation chinoise; il peut en exister plusieurs pour un même caractère) et « kun » (prononciation japonaise). Les homophones sont très nombreux dans la langue japonaise : par exemple « kiko » peut vouloir dire « structure », « armure », « temps », « eccentricité » et encore près de vingt autres significations ! D’où l’importance des kanjis (ou lorsque c’est possible, du contexte) qui permettent de connaitre la signification précise des mots. Tout cela est, à vrai dire, assez compliqué et cet article n’a pas la prétention d’être un abrégé de linguistique nippone. Au contraire, notre but est ici de vous présenter les kanjis sous leur aspect … ludique.

Comme leur nom l’indique, les idéogrammes expriment une « idée ». Caractères graphiques, ils évoquent visuellement le mot qu’ils représentent.

Ainsi les idéogrammes des nombres 1, 2 et 3 sont très simples :

Très simple aussi, le caractère du mot « bouche » :

Jusqu’ici, c’est très facile … Passons à des caractères un peu plus compliqués mais bien évocateurs : vous devinerez facilement quel kanji veut dire « la rivière » et lequel signifie « la pluie » :

Voici quelques autres idéogrammes et la façon dont on peut imaginer qu’ils ont été conçus : la montagne, le feu, la porte, le sol et l’arbre :

 

Une fois qu’on connait un nombre important de caractères, on peut déduire la signification de nouveaux, composés des premiers. Par exemple l’association de trois fois l’idéogramme de l’arbre :

Vous l’aurez compris, l’idéogramme ci-dessus représente la forêt.

Pouvez-vous deviner ce que celui-ci signifie ?

Une personne

Il s’agit du « mot » « personne ». Lorsqu’on l’associe avec le caractère de l’arbre, on obtient donc la représentation d’une personne contre un arbre … C’est comme cela qu’on écrit « se reposer » (ou « vacances ») :

"Se reposer". À gauche le caractère "Personne" est un "préfixe" et se retrouve sous une forme simplifiée.

Ci-dessus, à gauche, le caractère « Personne » est un « préfixe » et se retrouve sous sa forme simplifiée. À droite, le caractère pour désigner un arbre.

Revenons au caractère de l’arbre, seul. En y ajoutant un trait horizontal en bas de ce qui peut représenter son tronc, on en désigne donc le bas … la base … le commencement … l’origine (« hon ») :

L'origine.

Associé au kanji du soleil (qui peut se prononcer « ni », ci-dessous à gauche), on obtient « l’origine du soleil », soit « là où le soleil se lève » ou encore « le pays du soleil levant » … soit l’écriture en kanji du Japon (« Ni-hon ») :

Nihon, pays du soleil levant

S’il est vrai qu’apprendre les caractères chinois demande beaucoup de travail, c’est en revanche une activité très intéressante et même – comme nous l’écrivions plus haut – ludique, comme le seraient un rébus et une charade. Cela requiert un certain sens de l’observation et occasionnellement de la logique. D’autre part, c’est souvent très esthétique (la calligraphie est un art important au Japon) et cela peut donner des indications sur l’histoire du Japon (et de la Chine bien entendu), notamment sur l’importance de l’agriculture. Enfin, la découverte des caractères chinois révèle parfois une certaine poésie.

La saviez-vous : au Japon, on ne signe pas …

Lundi, 16 décembre 2013

Le hanko, sceau personnel, est souvent placé dans une petite boite où se trouve aussi de l’encre rouge.

Au Japon, on ne signe pas de sa main : une signature manuscrite n’est pas reconnue par la loi. À la place, on utilise un « hanko« , cachet gravé à son nom. Ce « tampon » était traditionnellement fabriqué en bois, en pierre ou en ivoire. Il est aujourd’hui le plus souvent en bambou ou en plastique.

Pour signer les actes officiels, on fait enregistrer son sceau personnel à la mairie après l’avoir fait fabriquer sur mesure chez un fabricant spécialisé – selon la matière, le prix peut aller jusqu’à plus de 100€. Si on a un nom de famille commun, on peut trouver son hanko pré-fabriqué dans des supérettes pour un prix plus modique. Bien entendu, une personne morale dispose elle aussi de son sceau personnalisé. L’encre utilisée est le plus souvent rouge. Elle est souvent incluse dans les petites boites et les étuis qui sont vendues pour ranger son tampon.

Les noms japonais sont en kanjis (caractères chinois) et les hankos sont réservés aux japonais (et aux chinois, taïwanais …). Toutefois, pour les occidentaux, il est possible d’obtenir son propre hanko en katakana, l’ »alphabet » syllabique japonais utilisé pour retranscrire les mots et les noms étrangers. Nous reparlerons prochainement des alphabets syllabiques ainsi que des kanjis.

Si vous le souhaitez, vous pouvez commander votre sceau personnel en katakana qui sera fabriqué sur commande.

L’école maternelle au Japon

L’école maternelle au Japon

Aujourd’hui nous partageons avec vous les originalités du système éducatif japonais. Nous commençons avec l’école maternelle – ou plutôt une école maternelle, cette description n’étant pas forcément la généralité. Nous nous intéresserons dans un prochain article aux autres étapes de l’éducation académique nippone.

Mi-garderie, mi-école, les écoles maternelles japonaises (Yôchi-en ou Hoiku-en) accueillent les tout-petits, de quelques mois à plus de 6 ans. Au Japon, l’année scolaire démarre en avril. Les enfants ont 6 ans révolus lorsqu’ils rentrent à l’école primaire. Sauf pendant quelques jours fériés et de courtes vacances, les écoles maternelles sont ouvertes toute l’année pour permettre aux parents de travailler (août inclus, samedis inclus). D’ailleurs, seules ces écoles sont accessibles aux enfants dont les deux parents sont occupés – et ces derniers doivent s’en justifier pour disposer de places. On dépose les petits quand on veut, en général à partir de 7h, jusque 9h30 voire plus tard – même si un rassemblement et un appel ont lieu entre 9h et 9h30. On vient les chercher avant 19h, heure à laquelle l’école ferme.

L’arrivée

Un petit carnet de correspondance est déposé le matin. Les parents y inscrivent toutes les informations pertinentes que les maitresses prennent soin de lire. Elles s’assurent aussi que les élèves sont « genki » (en forme) en interrogeant les parents (ou grands-parents !). Les enfants collent à leur arrivée, sur leur petit agenda, un autocollant (« shilou », de l’anglais « seal ») sur la date du jour – moyen ludique d’apprendre les jours et les dates.

On apporte aussi chaque jour son bento (lunchbox dans laquelle les parents ont préparé le riz) et des vêtements de rechange, surtout l’été où les petits se changent au moins une fois par jour et prennent des douches. Et chaque semaine on change les draps de son futon. Une salle (le « holu », de l’anglais « hall ») sert à la fois de salle de spectacle lors des représentations annuelles, de temps à autre de salle de danse et de musique, et chaque jour de dortoir. Les futons sont sortis de grand placards et étalés en rang d’oignon peu après le déjeuner, par les ainés. Tous les enfants font la sieste, sauf les plus grands pendant les derniers mois qui précèdent leur passage à l’école élémentaire.

Les casiers avec les chapeaux, les petites tables, le lavabo à côté duquel sont suspendus brosses à dent et serviettes pour les mains

Tous les âges dans chaque classe

Les enfants du même âge portent des chapeaux de même couleur dans la cours de récréation. Ce sont des casquettes très légères et souples qui protègent les visages et l’arrière du cou. Ainsi par exemple les chapeaux roses sont pour les tout-petits qui viennent juste d’apprendre à marcher. Puis il y a les chapeaux jaunes vers 3 ans, rouges pour les 4 ans, verts pour les 5 ans et bleus pour les plus grands. Une des particularités des écoles maternelles japonaises est le fait que 3 classes d’âges sont mélangées. Dans la classe « Lion » seront des enfants de 4, 5 et 6 ans, de même que dans la classe « Ecureuil ». Les plus petits apprennent ainsi des plus grands, tandis que ces derniers se familiarisent avec le principe de responsabilité.

Le déjeuner 

Le déjeuner est servi dans les classes. Les plats sont préparés dans une petite cuisine. Les maitresses se transforment en serveuses après que les enfants eux-même soient allé chercher leurs plateaux. Ils prennent aussi leur bento et leurs baguettes. Une fois le repas terminé, ils rapportent leur plateau et rangent leur bento et baguettes dans leurs sacs. On se lave bien les mains avant et après le repas, et on se brosse même les dents – les brosses à dents sont accrochées à de petits crochets à côté des lavabos dans chaque classe, comme les serviettes individuelles pour s’essuyer les mains. Une fois tout cela achevé, les enfants vont faire la sieste. Puis activités, jeux et goûter se succèdent avant que les premiers parents ne viennent chercher leur progéniture.

Les activités

Les japonais étant très proches de la nature, on trouve dans les classes d’école maternelle des « animaux » : scarabées-rhinocéros (kabutomushi, un « animal de compagnie » très commun) et autres insectes dans des boites de verre transparentes, poissons … Les petits s’amusent avec les cloportes et les fourmis dans la cours en terre battue. Les activités y sont nombreuses (toboggans, trottinettes, foot, balançoires …), comme dans beaucoup de nos écoles. En revanche, on peut trouver dans les cours d’école japonaises de petites piscines dans lesquelles les petits sont initiés à l’eau et barbotent (au mois d’août). Dans les classes, les activités sont semblables à celles de nos enfants, avec quelques variantes bien sûr. Par exemple, tous les petits japonais apprennent à faire des origami. On y donne peut-être un peu moins d’importance au dessin et à la peinture que dans nos écoles, au bénéfice de nombreuses autres activités manuelles et artistiques (les maitresses savent souvent jouer du piano, instrument que l’on retrouve dans les maternelles).

Les enfants savent tous lire (hiragana et katakana) à leur sortie de l’école, en général même avant, à 5 voire 4 ans. Ils savent aussi compter et additionner.

Festival du sport, Undô-kai

Comme en France ou ailleurs, les enfants préparent des spectacles qu’ils donneront en représentations à leurs fiers parents. En plus, une fête du sport (Undô-kai) se déroule chaque année en octobre. Les enfants, qui se sont entrainés des semaines durant, s’affrontent dans des épreuves sportives qui parfois requièrent la participation des parents. Enfin, en mars une remise des diplômes (littéralement, d’ailleurs) a lieu pour les grands, parés ce jour-là de tenues élégantes achetées pour l’occasion.