Le Japon à travers ses pubs

Mardi, 8 mars 2016

Les publicités sont souvent le reflet d’une culture. On ne réduira pas la riche culture japonaise à ses publicités, plutôt cocasses. Pas mal de kitsch, du « Animé », du « kawaii », des robots, des lycéennes en uniforme, de la J-pop … Qu’on le veuille ou non, il y a là beaucoup du Japon (moins les traditions). Quoiqu’il en soit, découvrez le côté déjanté, décalé des japonais avec ces publicités. Pas besoin de comprendre les dialogues, tout cela est souvent assez « premier degré »! …

Premier florilège (prix spécial pour la pub à 8minutes32 – écoutez bien):

 

Deuxième florilège (avec l’apparition d’un acteur français très populaire au Japon):

Allez, un 3e (des pubs récentes):

 

Les robots au Japon … Le futur, c’est maintenant

Vendredi, 29 janvier 2016

La célèbre marque japonaise SoftBank (téléphonie mobile, internet …) avait acheté une start-up française en 2012 – une jeune société spécialisée dans la conception de robots humanoïdes. Un peu plus de 3 ans plus tard, ces robots font leur entrée dans un magasin SoftBank, remplaçant les vendeurs. L’essai initial ne durera qu’une semaine (du 28/03 au 03/04).

Pepper – c’est le nom de l’humanoïde – se distingue par son niveau de sophistication: il peut comprendre les émotions de ses interlocuteurs et lire les mouvements. C’est ainsi qu’il pourra jouer le rôle de vendeur auprès des clients, répondant à leurs questions et montrant les différents modèles de smartphones.

Pepper est déjà utilisé par plusieurs centaines de compagnies, dont Nestlé. Mais ce sera la première fois qu’il disposera d’une telle « autonomie », de telles prérogatives. Précisons toutefois que des humains (autres que les visiteurs) seront bien présents durant l’expérience « live ». Mais indéniablement, en concomitance avec le lancement grandeur nature des tests de taxis sans conducteurs (près de Tokyo, en mars), les robots prennent lentement mais sûrement leur place dans la société japonaise (et sûrement chez nous très vite aussi).

Les boutiques de mode japonaise à la … mode française

La langue japonaise fait usage d’innombrables mots étrangers, principalement anglais. D’ailleurs, un alphabet syllabique (le Katakana) a été supposément créé afin de faciliter la prononciation de ces mots. La fascination des japonais pour les cultures occidentales, notamment américaines et françaises, est illustrée notamment dans beaucoup de noms de marques. Les noms de sociétés sont souvent anglais, tandis que les noms de boutiques de vêtements sont souvent français.

Pour une raison inconnue, les créateurs de ces marques ne prennent apparemment pas le soin de vérifier la signification ou le bon usage de ces termes étrangers. C’est ainsi que le promeneur occidental – francophone en particulier – s’amusera en faisant son shopping à relever des noms parfois cocasses, parfois franchement absurdes. Expressions qui ne veulent rien dire (« Rouge vif la clé »), syntaxe très approximative (« Comme ça du mode », « Bon mercerie de Anateliér »), noms inadéquats (« Tisane » pour un magasin de vêtement), mélange français et anglais (« La Best one ») … On en vient à se demander comment on s’y est pris pour les inventer. De toute évidence, tout ce qui importe est que cela sonne français. :-)

Voici un aperçu de quelques boutiques japonaises aux noms rigolos … « Coucou Trois Cents Idées » (ils devaient hésiter entre « Coucou » et « 300 idées », et hop pourquoi pas tout prendre), « Comme ça du mode » (une des marques japonaises de prêt-à-porter les plus connues), la fameuse marque de lingerie « Ravijour » (pourquoi pas « Ravinuit » tant qu’on y était), « Bises Opaques », « Bleu Bleuet », « S’habillent » (certes), et notre préférée, « Relâcher et Non-sens » (« RN » pour les fans) ne sont que quelques exemples parmi des centaines d’autres

En voici une trentaine (cliquez sur les photos pour les agrandir) :

Fukushima, Tohoku … 3 ans après

Mardi, 11 mars 2014

Comme aujourd’hui, il y a trois ans jour pour  jour il faisait un temps radieux. Avant que l’horreur ne s’abatte sur le Japon. Le tremblement de terre. Le tsunami. Tous ces disparus. Les accidents des réacteurs nucléaires à Fukushima. La crainte qui s’ensuit depuis.

Aujourd’hui à 14h46, beaucoup de japonais se sont recueillis. Sur NHK, la télévision nationale, une commémoration a eu lieu comme chaque année, en présence de l’Empereur et de l’Impératrice.

Quelle est la situation aujourd’hui ?

Trois ans plus tard, le premier ministre japonais Abe veut re-démarrer les réacteurs nucléaires (actuellement à l’arrêt) et envisage d’en construire de nouveaux malgré l’opposition majoritaire de la population japonaise (un récent sondage indique que 80% des japonais souhaitent réduire ou abandonner le contingent de réacteurs nucléaires). La dépendance énergétique du Japon devient insoutenable, selon le camp du premier ministre. Tandis que le débat est toujours d’actualité en France, l’énergie nucléaire se porte bien puisqu’il y aurait actuellement plus de 500 nouveaux projets en cours dans le monde … Soit précisément autant qu’il y a 3 ans. Quelle alternative au nucléaire ?

À la centrale de Fukushima, la situation est évidemment stabilisée mais est hélas loin d’être réglée – contrairement à ce que TEPCO (la compagnie en charge de la gestion des réacteurs nucléaires) voudrait laisser croire – ils ne sont pas à quelques mensonges près.

La région de Tohoku sinistrée est toujours dévastée, trois ans plus tard. La presse japonaise pointe aujourd’hui les graves problèmes de stress dont sont victimes les habitants de la région (et qui ont tué des centaines d’autres personnes), renforcés par une gestion post-crise défaillante du gouvernement et de TEPCO qui ne s’empressent pas d’indemniser les rescapés … Au moment où les futurs organisateurs des Jeux Olympiques de Tokyo 2020 vantaient (à juste raison) le sens de l’hospitalité japonais, plus de 200.000 personnes délogées suite à la catastrophe vivraient encore dans des logements de fortune

Au Japon, la presse relate hélas trop souvent des histoires poignantes d’époux, de papas qui cherchent toujours leurs êtres chers disparus. Le 11 mars 2011, 15.884 personnes sont mortes et 2.636 sont encore « portées disparues »

Contrastant avec ce chaos, cette cicatrice qui ne se résorbera jamais, des études scientifiques régulièrement publiées donnent a priori à la population japonaise des motifs de soulagement. Selon ces études, l’impact des radiations sur la santé de la population locale serait quasiment nul. Espérons que ces informations soient fondées … À l’ouest ou à l’est, les gouvernants des plus grandes démocraties ont ceci en commun qu’ils essayent souvent de faire croire à leur population beaucoup de contre-vérités …

L’école primaire au Japon

Mardi, 4 février 2014

Il y a quelques temps nous avions écrit un article sur l’école maternelle au Japon (article du 27/11/2013). L’école élementaire japonaise (shôgakkô) présente aussi des particularités intéressantes. Commençons par rappeler que l’école maternelle japonaise est réservée aux enfants jusque 6 ans révolus. Il y a donc un petit décalage avec la scolarité française – mais pas de retard dans le cursus, comme nous le verrons. L’école primaire comprend un cursus de 6 ans et concerne donc les enfants d’environ 7 à 12 ans.

 

Des écoles bien équipées

Privées (le plus souvent) ou publiques, les écoles élementaires japonaises se distinguent entre autres par leurs équipements. L’école élémentaire moyenne, au Japon, dispose d’une piscine afin de s’assurer que tous les petits japonais savent nager. Et ce n’est pas tout. Bibliothèque et médiathèque. Salle d’informatique. Cuisine … Pas celle de la cantine (cette dernière n’existe d’ailleurs pas, comme nous allons le voir), mais une cuisine pour apprendre à cuisiner. Laboratoire pour les sciences. Salle de musique. Arène multisports. Les classes disposent également désormais souvent de leur système propre multimédia et parfois d’un piano.

 

Les classes et les professeurs

Les effectifs dépendent aussi des écoles mais en général il y a environ 30 élèves par classe (« kumi »). Originalité : il y a deux tableaux dans les classes (un à l’arrière en plus). Les enfants disposent aussi de « lockers » (casiers). Régulièrement, les enfants changent de place, afin de ne pas rester à côté des mêmes camarades. En général, tous les deux ans, les classes sont reconstituées. Les maitresses enseignent toutes les matières à leur classe. Il arrive toutefois quà partir de la 3ième année, l’enseignement soit spécialisé pour certaines matières, comme au collège. Bien entendu, c’est le ministère de l’éducation qui dicte le cursus. Chaque trimestre, les élèves sont évalués (il est bon de noter ici qu’il n’y a pas de redoublement au Japon). Ils ont des devoirs chaque jour, même au « CP », comme nous allons le voir. Le système éducatif japonais est encore très influencé par le système américain. Ainsi, même à l’école primaire, il y a des cérémonies en début et en fin d’année (« graduation »), soit respectivement en avril et en mars. Le système japonais donne la part belle aux activités extra-scolaires, à partir de la 4ième année : sport, musique, art (musique, dessin, calligraphie), langues étrangères … Les enfants, vers 10 ans, font tous partie de clubs. Mais voyons le rythme scolaire des plus petits.

 

La journée finit en début d’après-midi

L’emploi du temps des élèves japonais est, sinon léger, du moins très « compact » (notons au passage qu’il y a 10 semaines de vacances par an au Japon, comparé à 16 en France). Pas de grande pause déjeuner (les enfants déjeunent tous à l’école) mais on sort à 14h30. Pas de mercredi libre au Japon. On va à l’école du lundi au vendredi, de 8h00 à 14h30. Le plus souvent, les enfants vont à l’école tout seuls, en groupe. La carte scolaire étant en vigueur, on va à l’école à pied avec ses voisins – les plus grands mènent la marche. Les enfants sont tous équipés de leur cartable appelé « Randoseru » (prononcer « landosélou »), tous identiques, à la couleur près. A noter que l’uniforme n’est de mise qu’à partir du collège. Après l’école, les élèves rentrent chez eux (c’est toujours surprenant pour les occidentaux de voir les petits livrés à eux-même dans la rue), à moins que leurs parents ne travaillent tous les deux. Dans ce cas, un système de « garderie » prend le relai de l’école.

À la « kodomo room »

Une « kodomo room » (« kodomo » signifie « enfant ») est un endroit situé au sein de l’école ou en-dehors (parfois les enfants doivent marcher 500 mètres pour la relier). Des maitresses s’occupent des enfants l’après-midi en attendant que les parents viennent les chercher. C’est l’opportunité pour les enfants de faire leurs devoirs dont ils sont ainsi libérés une fois rentrés chez eux – et leurs parents aussi. C’est aussi un endroit où les plus petits apprennent au contact des plus grands puisqu’ils sont mélangés – comme ils l’étaient d’ailleurs à la maternelle. Activités manuelles ou sportives, sorties, c’est une seconde école, avec plus de liberté qu’à la « vraie » école. L’après-midi peut être aussi consacré aux activités artistiques ou sportives; c’est le choix des parents. Mais à quoi ressemble l’emploi du temps des petits de première année ?

 

L’enseignement à l’école primaire japonaise – Une semaine-type au « CP » (« Ichinen »)

Cinq heures de japonais, trois d’arithmétique, deux de sciences naturelles, tout cela entre-coupé de courtes pauses, de petites récréations et d’un peu de lecture, de cours de musique, de gym ou de travaux manuels, et ponctué de cours de « morale » et de … nettoyage. Ainsi se résument les activités des élèves de 7 ans. Ci-contre, vous verrez un exemple d’une semaine type d’un élève de 7 ans.

Une fois arrivés à l’école, peu après 8h, un court temps de lecture est imposé. Après les salutations d’usage – particulièrement importantes et respectées au Japon – le cours de « Kokugo » (japonais) peut commencer. C’est ainsi que débute chaque jour de la semaine. Après une pause de 5 minutes, le deuxième cours démarre : arithmétique le lundi, gym le mardi, sciences naturelles le mercredi, et encore arithmétique le jeudi et le vendredi. À 10h, c’est l’heure de la récréation de 20 minutes. A 10h30, le troisième cours de la journée démarre : gym, japonais, lecture, gym ou travaux manuels. Il est 11h15 lorsque ce troisième cours se termine. Le dernier cours de la matinée se termine à 12h05 : japonais, sciences naturelles, arithmétique, sciences naturelles, travaux manuels. Des matinées bien occupées !

Le déjeuner de 45 minutes se passe dans la classe. Les plateaux sont montés de la cuisine et à tour de rôle par petits groupes, les élèves eux-même les distribuent à leurs camarades. S’ensuit une récréation, de 12h50 à 13h15 (13h40 le mercredi). Après cette « récré », jusque 13h40, les enfants nettoient leur classe (les plus grands sont de corvées de toilettes !). Le dernier cours de la journée se passe donc de 13h45 à 14h30 : cours de musique, expression orale, cours de morale/éthique, ou écriture.

Un enseignement efficace, mais …

À la fin du CP, les élèves japonais savent parfaitement lire les hiragana et katakana (alphabets syllabiques japonais, qu’ils maitrisent souvent depuis la maternelle) et ils connaissent 80 kanjis (caractères chinois). Ils savent écrire. Ils peuvent compter : additionner, soustraire, multiplier et faire des divisions simples. Mais en plus de ces connaissances élémentaires, ils apprennent à l’école des leçons fondamentales : être responsable, être le plus indépendant possible dans la vie de tous les jours, vivre en société. Ce qui est le plus notable dans les écoles primaires japonaises est en effet l’apprentissage de la vie de tous les jours. Les enfants apprennent à cuisiner, laver la vaisselle et le linge, coudre, ranger et nettoyer la maison. Leur sont aussi dispensées à l’école les valeurs essentielles de la vie en société : le respect d’autrui, la politesse, la morale, l’écologie aussi. La discipline japonaise n’est pas un cliché, mais elle a des avantages … L’école primaire japonaise est donc très efficace (le taux d’illettrisme est quasi-nul au Japon). Mais bien entendu, elle comporte ses défauts : les observateurs (le plus souvent étrangers) soulignent qu’elle ne donne pas suffisamment d’importance aux enfants individuellement, qu’elle n’encourage pas l’esprit d’initiative : la valeur est donnée au groupe. Les règles du groupe permettent un certain contrôle des individus, caractéristique qui se retrouve souvent dans la société japonaise et le comportement des japonais.

Paradoxe japonais (1) : tradition et modernisme

Vendredi, 24 janvier 2014

Pris entre ses traditions ancestrales et une certaine fascination pour l’occident, le Japon est un pays de paradoxes. Dans cette nouvelle rubrique, nous allons discuter de ces paradoxes qui parfois agacent mais qui souvent font le charme de ce pays.

Ce qui frappe le plus les étrangers qui se rendent au Japon est la juxtaposition de la tradition et du modernisme. La société japonaise est solidement ancrée dans le passé de ses traditions. Les célébrations, les différentes manières de s’exprimer strictement codifiées, les coutumes ont une place prépondérante dans la vie de tous les jours des japonais. C’est ce qui donne à cette société sa grande cohésion. Elle est en même temps tournée vers l’avenir comme le montre par exemple son engouement pour la robotique. Electronique, machines, robots, automatisme : c’est aussi le Japon de tous les jours.

Ces deux facettes se côtoient dans un numéro d’équilibriste qui nous échappe totalement. Quoiqu’il en soit, cette dualité flagrante et omniprésente est selon nous la raison principale pour laquelle le Japon nous captive autant.

Le saviez-vous ? Les japonais ne se disent pas « Je t’aime » (?) …

Mercredi, 6 novembre 2013

Ce n’est pas un cliché de dire que les japonais ne livrent pas facilement leurs sentiments.  Mais est-il vrai qu’ils ne se disent pas « Je t’aime » ?  Expliquons un peu.

Lorsqu’une personne aime quelqu’un, ou aime bien quelqu’un, elle dit « Dai suki » (prononcer « daï souki » ou « daï ski »). « Dai » peut se traduire par « beaucoup ». « Suki » signifie « aimer bien » … Ainsi on dit à sa petite amie ou son petit ami « dai suki », comme on pourrait tout aussi bien dire « Sushi ga dai suki » (« ga » étant la marque du sujet). « Suki » s’emploie donc aussi bien pour exprimer ses sentiments vis-à-vis d’une personne que ses goûts pour un hobby, un plat, une couleur, un sport, etc … C’est ce mot qui est le plus communément utilisé par les japonais.

Lorsque deux personnes sont dans une relation bien établie et que leurs sentiments sont très forts, il peut arriver qu’ils utilisent une expression à la hauteur de ces sentiments. Ils disent alors « Ai shite iru » (愛している) ou plus formellement « Ai suite imasu » (愛しています) … C’est une expression qui est rarement utilisée : beaucoup de couples japonais ne se le sont jamais dit … Et surtout, cela ne veut pas dire « Je t’aime » ! Littéralement, cela signifie « Il y a de l’Amour » … Les japonais n’utilisent ainsi jamais la première personne du singulier pour exprimer leurs sentiments amoureux les plus profonds …

Ainsi il n’y a pas de traduction littérale de « Je t’aime » dans la langue japonaise et l’expression qui s’en rapproche le plus est très rarement utilisée. Voici une illustration de l’art de l’euphémisme nippon et d’une pudeur à nulle autre pareille.

 

La « Golden Week »

Mardi, 30 avril 2013

En France il y a le 1er mai et le 8 mai …. Au Japon, c’est la « Golden Week » (« Goruden Wiku ») … Une semaine très prisée, comme son nom l’indique. C’est en effet la période de congé la plus longue de l’année pour beaucoup de japonais (et une période faste pour les commerçants …) – il arrive fréquemment que les sociétés ferment même leurs bureaux pendant une semaine, voire dix jours. On voyage beaucoup (si vous voyez beaucoup de touristes japonais en ce moment, vous savez désormais pourquoi). On visite sa famille. Et on profite d’un temps souvent très clément sur l’archipel.

Le 29 avril est un jour férié, marquant l’anniversaire de l’empereur Showa, tandis que le 3 mai commémore la Constitution.  Le 4 mai est la journée de la Nature (« Midori no hi ») et le 5 mai est le jour des enfants (« Kodomo no hi »). Entre ces jours fériés, les japonais font souvent le pont. Notons aussi que, sur le modèle américain, les japonais décalent toujours les jours fériés s’ils tombent un dimanche !

Bon Premier Mai à tous !